🏔️ Ma 1ère expérience en Alpinisme au Grand Paradis 🏔️

Récit de ma première expérience en Alpinisme.

Dimanche 12 Juillet 2020 :

J’ai réservé un hôtel dans la Vallée d’Aoste pour être sur place dès ce soir.
Je pars vers 16h pour 3h de route. Le GPS m’indique 4h15 de route, je ne comprends pas ! Normalement c’était 3h ?!… mais en fait, j’avais oublié de mettre « autoriser les péages ». 😅
Bref, le stress passé, me voilà sur la route…seule… à me demander où je suis encore en train de m’embarquer…


L’alpinisme m’a toujours énormément attiré, mais je voulais commencer avec un sommet mythique et relativement facile. Le Grand Paradis était pour moi le parfait compromis. Les paysages avaient l’air incroyables et c’était un premier pas dans le monde de l’alpinisme.
L’idée serait de me lancer dans des courses plus longues et plus exigeantes par la suite et voir déjà si cette sortie me plairait avant d’aller plus loin.

J’angoisse terriblement de devoir passer le tunnel du Grand Saint Bernard… On l’avait déjà pris à l’époque, mais là je suis seule et franchement pas rassurée…
Après quelques heures de route, me voilà devant ce tunnel… je respire (paye) et y rentre. C’est parti ! Mon premier challenge…😂
Finalement, tout se passe bien, ça aura passé assez vite…et j’arrive en Italie !

Sauf que je pensais être débarrassée des gros tunnels, mais NON, ici, il y en a de nouveau pleins ! Je n’étais pas prête psychologiquement…. mais je l’ai fait ! 😂
Heureusement, le GPS me guide, car franchement, c’est un labyrinthe pour arriver à mon hôtel…

J’arrive enfin devant l’hôtel. C’est à côté de l’autoroute… j’ai choisi celui-ci car il était juste à coté du lieu de rendez-vous pour demain.
Je me demande qui seront les deux autres personnes !


J’arrive au check-in et vais m’installer dans ma chambre. C’est super propre et grand, je ne suis pas déçue. Je m’attendais à pire, en bord d’autoroute comme ça.
J’avais acheté un sandwich le long du chemin donc inutile de ressortir.
Une bonne douche, en pyjama, et je me mets au lit avec mon livre du moment : « 8848 mètres ». C’est vraiment un super livre de circonstances… vu que c’est l’histoire d’une ado qui part avec son père faire l’ascension de l’Everest… ça me fait énormément relativiser sur le fait de faire un 4000 😂. Mais c’est mon Everest pour l’instant ce Grand Paradis ! Mon challenge actuel… et tant que je ne suis pas arrivée en haut (ni redescendu en bas), on ne sait jamais ! Ne jamais sous-estimer ce que l’on entreprend…

Je me couche et dors relativement bien. Demain, je rejoints les autres à 10h30.

Lundi 13 Juillet 2020 :

Après une nuit de sommeil plutôt bonne, je me prépare et vais au petit-déjeuner.
Puis je retourne dans la chambre préparer mes dernières affaires. J’ai un peu peur d’avoir oublié quelque chose. J’ai spécialement acheté un sac de couchage léger (à cause du Covid, on n’a plus de couvertures dans les refuges).
Je suis prête et vers 10h25, je vais me garer devant le magasin de sport au lieu de rendez-vous.

Je vois deux hommes en train de discuter et je me dis que ça pourrait être les deux du groupe. Je m’approche et leur demande. Oui, il y a le guide, Jean-Yves, et Cédric un des deux autres participants.
Il a l’air jeune et sportif. C’est déjà ça. J’avais aussi l’appréhension de tomber avec des gens d’un certain âge qui allaient prendre 8h pour monter et de revivre ma journée de ski de rando aux Spitzbergs (ici).
On part dans le magasin pour louer nos chaussures d’alpinisme (je n’avais pas envie d’en acheter pour l’instant si ça ne me plaisait pas).
Marion, la troisième participante arrive. Jeune, souriante, sportive, elle a l’air bien sympa !

Jean-Yves nous propose de prendre chacun notre voiture jusqu’à la vallée d’après, puis de se retrouver pour faire une voiture avec nous 3. Lui ira de son côté car il reste dans le refuge le lendemain.

J’essaye de ne pas perdre de vue la voiture de Cédric devant. Puis après 40 min de route, nous nous arrêtons. Cédric nous propose de prendre sa voiture jusqu’au parking final. Du coup, nous faisons connaissances les 3 et ont se rend vite compte qu’on va bien se marrer.
Ils sont jeunes, ont déjà fait pas mal de belles sorties mais c’est leur toute première sortie en alpinisme pour les 2 aussi. On a hâte et on appréhende. Beaucoup de points communs !

On arrive au parking et nous mangeons un bout avant d’entamer notre ascension jusqu’au refuge Emmanuel Victor.
Le temps est bon, il y a quelques nuages mais ça nous évitera d’avoir trop chaud.
Jean-Yves, notre guide, à l’air détendu, zen et plutôt cool.

La montée jusqu’au refuge se fait assez vite. Il y a 800 m de dénivelé et on les passe à discuter…


Arrivée au refuge Victor Emmanuel, on prend possession de notre chambre. A cause du Covid (ou grâce), nous auront cette chambre uniquement pour nous 4. Parfait. De toute façon, je sais d’avance que je ne vais pas dormir…


Jean-Yves nous propose d’aller nous montrer comment mettre des crampons un peu plus loin.
C’est la galère pour moi 😂. Chiants à mettre…. l’horreur… J’espère juste que demain, ils tiendront bien !

Il commence à faire frais, il faut dire que nous sommes à 2735m.

Puis nous allons nous promener un petit coup avec Marion, sur les hauteurs du refuge, pour tenter de voir des bouquetins. On ne voit RIEN mais c’est magnifique.

Cédric vient avec nous pour une petite promenade avant manger. On s’amuse bien, on prend des photos et on rigole. On se dit qu’on a beaucoup de chance d’être tombés les 3 sur ce séjour…

L’heure de manger arrive.

On pique un fou rire pendant le repas, c’est vrai que les portions sont petites, pour un mec comme Cédric, c’est un peu limite… Aura-t-on assez d’énergie pour demain? 😅

C’est l’heure de se coucher… la nuit est bien là et les étoiles vives dans le ciel. C’est magnifique. J’espère qu’il fera beau demain !
Il y a aussi la comète en ce moment…

Je vois chaque heure défiler. J’ai pris mon MP3, j’ai écouté pas mal de musiques, lu… mais RIEN n’y fait ! Jean-Yves et Marion dorment à point fermé… mais j’entends Cédric qui bouge aussi pas mal. Bref, je savais que je ne dormirais pas… mais c’est comme ça.

Mardi 14 Juillet 2020 :

3h arrive enfin, et le réveil sonne ! J’ai somnolé la dernière demie-heure… mais je me lève en une fraction de seconde… on se prépare et partons vite au petit déjeuner.

On s’arme de nos piolets, casques, baudriers, crampons et vers 4h du matin, nous partons dans la nuit à la lueur de nos frontales. J’adore… magique. Il fait nuit, nous sommes en train de marcher en montagne, prêts pour ce challenge… l’ambiance est top.
On monte petit à petit et nous arrivons sur la neige. Il ne fait pas si froid finalement.
Nous mettons nos crampons un peu plus haut et nous continuons notre ascension…

Le soleil commence gentiment à arriver derrière les montagnes… quel spectacle.

Je vois les nuages monter, mais je croise le doigts pour qu’ils n’atteignent pas les 4000 m d’altitude aujourd’hui. C’est magnifique cette mer de nuages….

Le Mont Blanc apparaît 😍

J’ai une ampoule horrible, heureusement Marion me donne des Compeed. Mais ça ne suffira pas malheureusement.

La vue est tellement belle…

Jean-Yves nous encorde. Les choses sérieuses commencent… Je suis en fin de cordée et cela me va parfaitement. Chacun dans sa bulle, nous continuons l’ascension en silence.

Nous faisons une petite pause et la vue est sublime !

Mes crampons commencent à partir… mince… je me souviens que Jean-Yves avait dit « quand il faut commencer à s’arrêter toutes les 2 min parce que les crampons ne sont pas assez serrés, c’est chiant! »… oups…. Du coup on s’arrête et je resserre tout…
J’ai un peu le souffle court en repartant, car les autres ont pris le temps de manger pendant que je remettais mes crampons, mais moi non, pas eu le temps. J’essaye d’avaler une barre en marchant, mais je mets 10 jours, surtout que la barre est gelée avec le froid 😅.

Le rythme est assez élevé et Marion demande à baisser un peu. Je suis reconnaissante car j’étais à l’arrière en train de subir la vitesse et ça va faire du bien de ralentir un peu… surtout que le mur devant nous à l’air bien pentu…

Aujourd’hui, il y a la tentative de record sur le Grand Paradis en Trail… du coup des mecs à fond la caisse nous doublent, impressionnants les gars !
Par contre, il y en a un qui nous passe vers la corde et là, Jean-Yves s’énerve…
Ils se mettent à s’insulter…
Je savais qu’il y avait des petites frictions entre alpinistes et traileurs mais là, j’en ai la preuve.
Là pour le coup, je suis clairement côté alpinisme car le mec, s’il était tombé, aurait pu tous nous embarquer dans sa chute ! Donc non. La sécurité avant-tout. Si lui avait envie de se foutre dans une crevasse, c’est pas notre soucis !

Après, c’est sur que j’admire les traileurs qui sont capable de faire ça en courant… mais là aujourd’hui, c’est presque un peu embêtant de les avoir qui courent, on doit se décaler… au sommet faut les laisser passer pour leur « perf »… c’est vrai que c’est un autre monde.
Heureusement que nous sommes en semaine et qu’il n’y a pas trop de gens aujourd’hui…

On arrive petit à petit au bout final. Celui qui est stressant… celui qui donne toute la dimension à ce sommet.
Ce dernier bout est une barre rocheuse qu’il faut continuer à escalader, encordés. Vu de loin, ça n’a pas l’air si terrible, mais ce que l’on ne voit pas, c’est que de l’autre côté il y a un vide énorme.

Les crampons, pour moi, c’était une vraie catastrophe sur ce genre de terrain.
J’avais l’impression d’avoir des patins à glace sur un rocher… horrible. Une sensation d’instabilité… Si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais viré ces crampons… j’aurais beaucoup moins stressée et me serais bien plus amusée…
Au début l’escalade est facile. Et plus on monte, plus ça commence à être un peu plus technique.
Il y a surtout une corniche à passer (la fameuse) qui me fait clairement me dépasser.
Je mets mon cerveau sur Off.
J’entends le guide dire à Cédric « Je sens que t’es pas bien là… »
Et Cédric, qui a le vertige, est en train de lutter…

Dans ma tête, je me dis que si je tombe, j’embarque les 3 autres dans ma chute (j’avais pas compris qu’on ne risquait pas grand chose au final)… je passe la corniche mais j’ai bien senti le vide…


Je m’accroche tant bien que mal à la paroie et enfin, arrive sur le rocher final. Encore quelques mètres et la Madonne est là !

Wouha ! Nous y sommes !!! Au Grand Paradis, 4061m d’altitude !



Malgré ma peur, je savoure la vue ! Je sais que la descente va me demander encore beaucoup de patience, de concentration et de peur mais là, pour l’instant, je profite !
La vue est encore plus belle que ce que j’avais pu imaginer… Les nuages apportent une dimension folle.

Nous profitons quelques instants. Je demande à plusieurs reprises à Jean-Yves si on est bien assurés, si on ne risque rien (car franchement, le passage de la corniche a été flippant…), mais pas de réponse…
Du coup je reste dans le principe que si je tombe, j’embarque tout le monde…

Après cet instant au sommet, nous reprenons le chemin inverse. C’est à moi de passer en premier, car j’étais la dernière de cordée.

Le premier rocher à désescalader est compliqué. Avec ces crampons je ne me sens vraiment pas à l’aise et j’ai l’impression que si je saute sur le rocher plus bas, je vais glisser et finir dans le vide… l’angoisse… J’ai comme un petit blocage…
Jean-Yves vient m’aider à passer ça… et j’arrive de nouveau vers cette corniche…
Là des traileurs passent, pas encordés rien… je les laisse passer (ça énerve un peu le guide 😅 mais je préférais prendre mon temps).
Je remets mon cerveau sur Off et passe la corniche. J’ai le cœur qui bat assez vite 😅 mais tout se passe bien.
On continue la descente des rochers pour finalement revenir sur la neige (ça fait du bien).

Jean-Yves me laisse devant pour donner le rythme de la descente et je trace. Car la descente, c’est quand même le pire pour moi. J’ai toujours trouvé que c’était le plus long… Après une ascension, cette partie là a vite fait de mettre ma patience à rude épreuve (surtout lorsque ce sont des aller-retours comme ça).
Je demande aux autres si ça leur va, tout le monde est ok pour descendre vite. Parfait.
Je cours presque…

On se fait un petit arrêt pour manger un bout plus bas. La neige s’est déjà sacrément transformée…
On voit des gens qui commencent seulement leur ascension…
Je suis bien contente de descendre ! 😅

La descente est effectivement longue : 1300 m de dénivelé… sur le même trajet de la montée, avec une ampoule qui me tue… mais ça en valait clairement la peine !


Et enfin, on arrive proche du refuge…
On voit des bouquetins !!! La cerise sur le gâteau !

Nous arrivons au refuge, on se change et mangeons un bout avant de redescendre, sans le guide, dans la vallée. Jean-Yves a d’autres clients sur le Grand Paradis et va rester là ce soir.

Pendant le repas, je repose ma fameuse question « On était vraiment assurés en haut?? »
Et en fait… bien sur… lorsque l’on mettait nos cordes dans la « queue de cochon », si je tombais, au pire Marion aurait eu une secousse mais personne ne serait tombé, j’étais retenue !
Si j’avais su ça avant…. j’aurais clairement moins flippé !!!
En fait, c’est sur que ça parait logique mais honnêtement quand tu dois passer cette corniche, que ta corde passe dans une pauvre queue de cochon, tu ne te dis pas que tu ne risques plus rien.
J’aurais aimé être un peu rassurée à ce moment là, car là j’avais l’impression de jouer ma vie et celles de mes co-équipiers 😅
Cédric avoue n’avoir pas regardé une seule fois les paysages « en bas » à cause de son vertige. Et qu’il a vraiment pris sur lui sur ce passage là…


Nous redescendons tous les 3 en se racontant notre périple. On se marre vraiment bien en repensant à tout ce qui s’est passé ! Les 800 mètres de dénivelé passent plus vite.

En se séparant, on se promet de se revoir pour tenter le Mont Blanc ensemble 😍
Jean-Yves nous a dit qu’on avait largement le potentiel… ça met un peu en confiance.

Je ne me sens pas trop fatiguée bizarrement, du coup je décide d’annuler ma chambre d’hôtel de ce soir pour rentrer directement à la maison.


Je reprends ma voiture et me dirige vers le magasin de sport pour rendre mes chaussures et celles de Cédric (il ne repassait pas par là), et me voilà repartit par mes tunnels pour rentrer à la maison, des souvenirs pleins la tête, 2 nouveaux copains et fière de ma première expérience en alpinisme !

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